Appel à communicationsREPRÉSENTATIONS SOCIO-SPATIALES ET RAPPORT À L’AUTRE, AUX AUTRES Les représentations spatiales sont souvent abordées comme des images cognitives qui guident les déplacements et, dans une perspective interactionniste, qui sont structurées par les mobilités quotidiennes. Quand ce ne sont pas les pratiques qui sont le centre de la focale, les ambiances environnementales sont placées au cœur de l’expérience géographique. Quand bien même elles joignent l’environnement social à l’environnement physique, ces approches ont en commun d’aborder les représentations spatiales depuis un point de vue bio-physicaliste d’adaptation et d’orientation des pratiques. Les qualités sociales de l’espace sont ainsi traitées de la même manière que ses qualités physiques. Les connaissances mobilisées par la cartographie cognitive sont alors envisagées comme rationnelles car ancrées dans une expérience vécue et construite à l’échelle de l’individu. Pour autant, l’évaluation des lieux, et surtout leur configuration spatiale, comme construction sociale ancrée dans l’élaboration et le partage des connaissances et des perceptions de l’espace au sein d’un groupe social est plus rare. Le paradigme des représentations sociales (Moscovici, 1961/1976) appliqué aux représentations spatiales (Jodelet et Milgram, 1976 ; Jodelet, 1982) cumule cependant un ensemble de travaux dans ce domaine. La mise en évidence de ce paradigme appliqué à l’espace montre ainsi que les dimensions sociales de l’identification des lieux et de l’identification aux lieux par les locuteurs structurent les représentations spatiales (de Alba, 2017). Ce courant de recherche démontre aussi l’importance des qualités symboliques attribuées aux lieux lorsque l’on s’intéresse à la cartographie cognitive. On notera les travaux princeps dans ce domaine sur les liens entre mémoire collective et espace (Haas, 2002, 2004, Jodelet, 2015 ; de Alba, M. et Dargentas, M, 2022). Par ailleurs, ce sont aussi les trajectoires sociales (Clementi, sous presse), ou plus simplement les positions sociales (Dias et Ramadier, 2018) qui font des représentations de l’espace géographique des représentations sociales. L’accent est cette fois mis sur les différences entre les groupes sociaux. Autrement dit, les processus à l’œuvre dans la cartographie cognitive sont en correspondance avec la structure sociale (Ramadier, 2022). Ces deux approches des représentations sociales de l’espace urbain, l’une centrée sur l’objectivation des dimensions historiques, symboliques et imaginaires dans le contenu des représentations spatiales, l’autre centrée sur l’ancrage des valeurs symboliques dans un processus de distinction sociale, ont cette fois en commun le fait de se focaliser sur le rapport à l’espace géographique, sans approfondir ou porter une attention particulière à l’incidence des rapports sociaux explicites et d'actualité pour l'individu. Dans quelle mesure les groupes sociaux qui partagent un sentiment de proximité partagent-ils également des représentations spatiales de leurs lieux de vie ? Comment cela se joue-t-il dans leurs pratiques communes ? En quoi la mémoire ou l’oubli collectifs peuvent-ils jouer un rôle ? Comment la distance sociale, voire les conflits sociaux, s’inscrivent aussi dans ces représentations spatiales ? Ce cinquième appel à communication du réseau Cartotête a cette fois pour objectif de rassembler les travaux qui mettent l’accent sur l’incidence des rapports à l’autre, aux autres dans la cartographie cognitive. Ces journées d’études, organisées par le Groupe de Recherche en Psychologie Sociétale (GRePS, Université Lyon 2) seront ainsi consacrées à saisir dans quelle mesure le rapport à autrui affecte les représentations sociales de l’espace, de sorte à compléter l’orientation qu’a prise la recherche sur la mémoire collective ou sur l’espace social, en accordant cette fois une place à l’altérité dans sa réalité contemporaine et concrète, sans écarter pour autant les dimensions symboliques qui l'accompagnent. Que nous apprennent les représentations spatiales sur nos rapports aux autres ? L’échelle d’analyse pourra être celle des individus (interindividuel) ou des groupes sociaux (intergroupes) dès lors que la nature des positions qui caractérise la relation sociale étudiée est explicitée. Elle peut également être mixte quand c’est le rapport d’un individu à un groupe (l’identification, l’appartenance, l'attachement, etc.) qui est analysé.
1. Les représentations spatiales et le réseau social à travers le temps et l’espace Cet axe est plus spécifiquement dédié à la relation entre les pratiques et les représentations spatiales, en mettant notamment l’accent sur les effets de la distribution spatiale du réseau de relations sur la représentation de l’espace géographique. Si le réseau social actuel est certainement de première importance, on pourra toutefois s’intéresser à son évolution dans le temps et dans l’espace, afin de saisir son épaisseur historique et ses traces dans les représentations spatiales. Ce sera ainsi l’occasion d’aborder comment les représentations cognitives de l’espace se construisent en relation avec la distribution spatio-temporelle du réseau social d’un individu. 2. Entre-soi et représentations spatiales Les représentations spatiales participent-elles à la cohésion d’un groupe ? Quelles relations entretiennent-elles avec le sentiment d’appartenance au groupe, avec les processus d’identification sociale qui sont à l’œuvre dans le groupe, avec sa mémoire collective ? Quelle place peut-on accorder aux représentations spatiales dans les dynamiques de groupe ? Que nous apprennent ces dynamiques de groupe sur la construction sociale des représentations spatiales ? 3. Distances sociales, conflits, luttes et représentations spatiales Il s’agit ici de saisir la place qu’occupent les représentations spatiales dans les conflits ou les luttes entre groupes sociaux. Si le géographe Y. Lacoste (1976) déclarait que la géographie servait d’abord à faire la guerre, qu’en est-il de la cartographie cognitive ? Là aussi, que nous apprennent ces situations sociales sur l’élaboration des représentations spatiales ?
Les propositions devront être soumises, au plus tard le 6 février 2023 sur le site web du Colloque : rubrique « Dépôt des propositions ». COMITÉ D'ORGANISATION
RÉFÉRENCES Clementi, K. (2023). La socialisation à la frontière au prisme des cartes cognitives, des pratiques et du discours. Portrait de deux jeunes Strasbourgeoises. Regards Sociologiques, 60, pp.33-48 De Alba, M. (2018). Représentations et mémoires sociales de Mexico et de son centre historique. In S. Dernat, A.-C. Bronner, S. Depeau, P. Dias, S. Lardon, & T. Ramadier (Eds.), Représentations socio-cognitives de l’espace géographique.Réseau Cartotête—Actes des Jounées d’études des Représentations sociocognitives de l’espace géographique (pp. 11–24). Cartotête. De Alba, M., & Dargentas, M. (2022). Mémoire traumatique et représentations socio-spatiales de Brest. In M. de Alba, M. Dargentas, & C. Fraïssé (Eds.), Représentations sociales des espaces de vie (pp. 61–76). Presses Universitaire de Rennes. Dias, P., & Ramadier, T. (2018). L’espace géographique comme champ représentationnel: Le cas des représentations socio-spatiales de Strasbourg. Regards Sociologiques, 47/48, 222–242. Haas, V. (2002). Approche psychosociale d’une reconstruction historique. Le cas vichyssois. Les cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 53, 32–45. Haas, V. (2004). Les cartes cognitives : Un outil pour étudier la ville sous ses dimensions socio-historiques et affectives. Bulletin de Psychologie, 474, 621–633. Jodelet, D. (1982). Les représentations socio-spatiales de la ville. In P.-H. Derycke (Ed.), Conceptions de l’espace (pp. 145–177). Université de Paris X-Nanterre. Jodelet, D. (2015). Représentations sociales et mondes de vie. In N. Kalampalikis (Ed.). Les éditions des archives contemporaines. Jodelet, D., & Milgram, S. (1976). Psychological Maps of Paris. In H. Proshansky, W. H. Ittelson, & L. G. Rivlin (Eds.), Environmental psychology: People and their physical settings (pp. 104–124). Holt, Rinehart & Winston. Lacoste, Y. (1976). La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre. Edition François Maspero. Moscovici, S. (1961/1976). La psychanalyse, son image et son public. Presses Universitaires de France. Ramadier, T. (2022). Logiques sociales et cognitives des représentations sociales de l’espace urbain. In M. de Alba, M. Dargentas, & C. Fraïssé (Eds.), Représentations sociales des espaces de vie (pp. 37–57). Presses Universitaires de Rennes. |
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